
Naviguer dans les refus de prestations COVID-19 de l’ARC : défis d’admissibilité, recours juridiques et stratégies pratiques
La pandémie de COVID-19 a incité le gouvernement canadien à mettre en place des soutiens financiers essentiels tels que la Canada Emergency Response Benefit Act (PCU) et les programmes de la Canada Recovery Benefits Act (PCR/PRC). Administrés par l’Agence du revenu du Canada (ARC), ces programmes ont été des bouées de sauvetage pour beaucoup, mais des critères d’admissibilité stricts et des vérifications rigoureuses après versement ont entraîné de nombreux refus et demandes de remboursement. À partir de lettres de l’ARC et de décisions de la Cour fédérale, cet article explore le cadre juridique régissant l’admissibilité, les motifs courants de refus, les processus de révision administrative et judiciaire, ainsi que des stratégies concrètes pour gérer les différends.
Critères d’admissibilité aux prestations COVID-19 : dispositions légales et interprétations de l’ARC
La PCU, le PCR et le PRC visaient à soutenir les Canadiens dont le revenu ou l’emploi était perturbé par la pandémie, mais chaque programme imposait des seuils d’admissibilité distincts tirés de la loi :
- PCU (Canada Emergency Response Benefit Act, art. 8) : Les demandeurs devaient avoir cessé de travailler ou vu leurs heures réduites à cause de la COVID-19 et ne pas avoir gagné plus de 1 000 $ en revenu d’emploi ou de travail indépendant durant la période de prestation. L’ARC inclut divers types de revenu (pourboires, honoraires) mais exclut pensions et prêts étudiants. Le revenu est réputé gagné à la date du travail, non à celle du paiement, ce qui crée souvent des malentendus.
- PCR (Canada Recovery Benefits Act, art. 3(1)d) : Les demandeurs devaient justifier d’une diminution de 50 % de leur revenu hebdomadaire moyen comparé à l’année précédente en raison de la COVID-19. Les travailleurs autonomes devaient démontrer un revenu net d’au moins 5 000 $ en 2019 ou dans les 12 mois précédant la demande. Les tribunaux ont confirmé le test strict du revenu net de l’ARC plutôt que des arguments sur le revenu brut (Flock c. Canada, 2022 FCA 187).
- PRC (Canada Recovery Benefits Act, art. 10) : L’admissibilité exigeait une baisse de 50 % des heures de travail prévues en raison de responsabilités de garde liées à la COVID-19 (fermeture d’écoles, etc.). Les demandeurs devaient prouver leur emploi ou travail autonome avant la demande et fournir des preuves de leurs responsabilités de garde.
Conseil de planification : Conservez des relevés de revenus et des preuves de votre situation de travail durant les périodes de prestation, en notant les dates de travail et les sources de revenu, pour respecter les critères de l’ARC.
Défis de documentation : répondre au fardeau de preuve de l’ARC
Le processus de vérification de l’ARC est rigoureux, exigeant souvent une documentation détaillée :
- Salariés : talons de paie, relevés d’emploi, lettres de l’employeur confirmant l’arrêt ou la réduction de travail, relevés bancaires montrant les dépôts de paie.
- Travailleurs autonomes : factures datées avec coordonnées des clients, reçus de paiement, documents vérifiant le revenu net d’une entreprise. Les relevés bancaires seuls sont insuffisants sans identification claire des sources de revenu (Hu c. Canada, 2024 FCA 215).
- Demandeurs du PRC : courriels d’écoles ou établissements confirmant les fermetures, notes médicales pour la personne à charge, preuves de la réduction d’heures.
Les erreurs fréquentes : classer incorrectement un revenu (ex. revenu autonome déclaré comme « Autre revenu ») ou ne pas fournir de pièces traduites ou vérifiables pour des modes de paiement non traditionnels (WeChat Pay, etc.). Des affaires comme Ghukasyan c. Canada (2025 FC 140) montrent que la documentation insuffisante mène à des refus maintenus malgré un revenu conforme aux seuils.
Conseil de planification : Organisez vos dossiers financiers avec identifiants clairs (noms de clients, dates) et conservez des preuves contemporaines des interruptions de travail ou des responsabilités de garde pour résister à l’examen de l’ARC.
Processus de révision de l’ARC : étapes administratives et obligations de remboursement
En cas d’inéligibilité, l’ARC exige le remboursement :
- Évaluation initiale : l’ARC notifie l’inéligibilité et accorde 45 jours pour fournir des pièces justificatives.
- Deuxième examen : si la décision est contestée, un second examen par un autre agent peut être demandé dans les 30 jours, avec explication et nouveaux documents.
- Avis de remboursement : en cas de maintien de l’inéligibilité, l’ARC exige le remboursement — jusqu’à 14 000 $ pour la PCU ou 34 600 $ pour PCR/PRC combinés. Des ententes de paiement pour difficultés financières sont disponibles au 1-833-253-7615 ou sur canada.ca/resoudre-dette-arc. Les montants remboursés peuvent être déduits à titre de dépenses dans l’année du remboursement.
Le non-remboursement peut entraîner des mesures de recouvrement, des intérêts et des pénalités pour fausses déclarations. Les déclarations de 2020 ou 2021 peuvent devoir être révisées si les remboursements modifient le revenu imposable.
Conseil de planification : Répondez rapidement aux avis de l’ARC, demandez un second examen avec documentation solide, et négociez un plan de paiement si nécessaire.
Révision judiciaire : recours légaux et limites
Si les révisions administratives échouent, vous pouvez saisir la Cour fédérale, seule compétente pour les décisions d’admissibilité de l’ARC (Vetrici c. Canada, 2025 FCA 15). Principes clés :
- Norme de raisonnabilité : selon le cadre Vavilov, les tribunaux déférent aux constatations factuelles de l’ARC, sauf en cas de sérieux manquements.
- Équité procédurale : le devoir d’équité est minimal (Cozak c. Canada, 2023 FC 1571). La communication de l’ARC est jugée adéquate sauf circonstances exceptionnelles (handicap, Ghukasyan c. Canada, 2025 FC 140).
- Recours limités : les tribunaux renvoient souvent la décision à l’ARC plutôt que de statuer eux-mêmes, sauf si l’admissibilité est évidente (Vetrici c. Canada, 2025 FCA 15).
- Bornes juridictionnelles : la Cour canadienne de l’impôt n’a pas compétence sur l’admissibilité aux prestations, seulement sur les cotisations fiscales.
Conseil de planification : Épuisez d’abord les niveaux de révision de l’ARC et focalisez-vous sur les vices de procédure ou l’irraisonnabilité, plutôt que sur un simple désaccord. Consultez un avocat pour évaluer la viabilité d’un recours.
Enjeux généraux et leçons
L’application rigoureuse par l’ARC des critères et exigences documentaires protège les fonds publics mais pèse lourd sur les demandeurs, surtout les travailleurs autonomes et revenus atypiques. La déférence judiciaire à l’égard des décisions de l’ARC souligne l’importance d’un dossier administratif solide dès le début. Leçons :
- Précision : Comprendre et documenter le respect des seuils de revenu et critères spécifiques pour éviter les refus.
- Documentation rigoureuse : Conserver des pièces détaillées et vérifiables sur revenus, interruptions de travail et responsabilités de garde.
- Action rapide : Respecter les délais de l’ARC pour éviter les obligations de remboursement.
- Attentes réalistes : Connaître la portée limitée de la révision judiciaire et privilégier les recours administratifs.
- Planification financière : Travailler avec l’ARC pour options de difficultés financières et déductions fiscales pour les montants remboursés.
AVERTISSEMENT : Cet article fournit des informations générales uniquement et ne constitue pas un conseil juridique ou fiscal. Les lecteurs doivent consulter des professionnels qualifiés pour des conseils adaptés à leur situation.